À la rencontre d’Ibrahim Cheaib
Pendant la semaine de la presse, dans le cadre de l’opération « Renvoyé spécial » organisée par la Maison des journalistes, les élèves de la spécialité HGGSP de Beaupré ont eu la chance de profiter d’une conférence d’Ibrahim Cheaib, journaliste libanais, exilé politique en France.
La Maison des journalistes
Créée en 1901, la Maison des journalistes est une association située à Paris depuis 2003. Elle accueille les journalistes réfugiés à Paris et en France. Elle les aide en leur donnant un foyer et des tickets restaurants. La plupart des journalistes restent seulement six mois mais certains peuvent rester jusqu’à un an pour qu’ils puissent préparer leur vie en France.
L’histoire d’Ibrahim Cheaib
Au Liban, la plupart des médias sont reliés entre eux, et ont la plupart du temps un avis politique similaire. Il est donc difficile pour les journalistes d’être publiquement contre cet avis politique et de garder leur travail. En effet, si cet avis politique est remis en cause par un journaliste, il peut être victime de harcèlement, d’intimidation, de menaces de mort, d’insultes, voire même de kidnapping pour les faire retourner sur le droit chemin. Cela contribue à la place du Liban qui est 119ème dans le classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse.
N’étant pas d’accord avec les idées politiques du gouvernement, Ibrahim Cheaib, alors présentateur d’un journal télévisé, s’est retrouvé menacé et à décidé de partir en France pendant quelques mois le temps que la situation se calme. Il retourne au Liban mais doit en repartir en 2019 alors que le mécontentement envers le gouvernement libanais vu comme corrompu et inefficace face à la crise économique est grandissant. Après avoir survécu à un enlèvement et à une agression, il revient en France pour échapper aux menaces qui deviennent de plus en plus violentes.
Ibrahim Cheaib arrive donc en France grâce au visa qu’il avait obtenu pour son dernier séjour. Il a tout perdu et se retrouve sans papiers et sans revenus. Il travaille dans la restauration pour pouvoir survivre et il contacte la Maison des journalistes en 2020 qui lui fournit un logement et de quoi manger le temps que ses papiers soient mis en règle par l’Ofpra, l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides. Il obtient le statut de réfugié politique et travaille comme assistant à la maîtrise d’ouvrage et web-developper dans une entreprise.
La situation au Liban
Les institutions libanaises sont divisées en trois pour assurer un partage équitable du pouvoir entre trois religions : les deux branches de l'islam, chiite et sunnite, et les maronites, des chrétiens catholiques.
Or depuis octobre 2022, le Liban est sans président (poste normalement occupé par un chrétien). En effet, aucun candidat n'arrive à dégager une majorité au parlement pour être élu ; de plus le Liban est polarisé entre un camp pro-occident et un autre pro-islamiste. Le pays est donc dans une situation de blocage.
Communautés religieuses au Liban (Manière de voir, décembre 2020)
Le pays est confronté à une crise économique majeure, qui entraîne d'importantes pénuries de produits de première nécessité, notamment des médicaments et du carburant.
Depuis 2019, entre 60 et 80 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté et la livre libanaise a perdu 98 % de sa valeur.
Rencontrer et écouter le témoignage d’Ibrahim nous a permis de prendre conscience de l’importance fondamentale de la liberté de la presse et à quel point elle peut être menacée dans de nombreux pays du monde. Un grand merci à lui d’être venu jusqu’à nous pour nous faire partager son expérience douloureuse. Nous avons également découvert à notre grande surprise, que la France n’est qu’à la 19ème place dans le classement de Reporters sans frontière sur la liberté de la presse dans le monde !
Pour en savoir plus sur la Maison des journalistes et sur le parcours d’Ibrahim Cheaib, n’hésitez pas à faire un tour sur le site de la Maison des journalistes.
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