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Aline Godsens et Saba Sohail

Comment les "pro-life" ont-ils le vent en poupe aux États-Unis ?


43e March for life, 22 janvier 2016, Washington. CREDIT: Jeffrey Bruno/ALETEIA.

Depuis l’élection de Donald Trump, le mouvement pro-life (« pro-vie », c’est-à-dire anti-avortement) semble avoir pris de l’ampleur dans le paysage politique des États-Unis. Le pourcentage de personnes assumant plus ouvertement leur choix d’être opposé à l’avortement a augmenté ces dernières années. Explication.

 

Dans certains États, les menaces envers les défenseurs de l’avortement ne cessent d’augmenter. Par exemple, d’après un reportage publié par SudOuest.fr, le Mississippi fait face à une pénurie de médecins pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Ces derniers cèdent à la pression sociale et estiment que « le harcèlement serait trop important ».

Selon un sondage datant de janvier 2013 du Centre Pew Research, 63% des Américains interrogés ne veulent pas voir la décision légalisant l'avortement remise en cause. Néanmoins, près de la moitié des sondés pensent tout de même que l'avortement est moralement condamnable. Ainsi, Carol Bracken, une enseignante de 57 ans habitant dans le Connecticut, affirme : « L'avortement arrête un cœur et en brise un autre » (Ladepeche.fr).

Dans les faits, l’arrêt qui a rendu l’avortement possible aux États-Unis est remis en question. Ce n’est pas un secret : les pro-life ont toujours gardé espoir de renverser les acquis issus de l’affaire Roe V. Wade qui a entraîné la légalisation de l’avortement à l’échelle nationale. Roe V. Wade est un arrêt rendu par la Cour Suprême des États-Unis en 1973, grâce à Norma McCorvey qui a entamé une procédure judiciaire afin de mettre un terme à sa grossesse. Cet arrêt a reconnu l'avortement comme un droit constitutionnel. C'est l'un des arrêts les plus controversés de la Cour Suprême américaine.

Norma McCorvey (à gauche), devant la Cour Suprême en 1989. Sur le panneau est écrit : « Maintenir l’avortement légal ».

Le contexte politique actuel des États-Unis a eu un impact sur l’assurance des pro-life. Trump a affiché son soutien à ce mouvement, les pro-life se sont donc sentis en confiance. Ainsi, ils ont saisi cette occasion et espèrent que le président fera le nécessaire pour revenir sur l’arrêt Roe V. Wade, en nommant un nouveau juge conservateur à la Cour Suprême.

En tout cas, le mouvement est protégé par l’entourage de Donald Trump. Mike Pence, vice-président des États-Unis, a participé aux marches menées par les pro-life dont celle du 27 janvier 2017 à Washington, où des dizaines de milliers de militants se sont regroupés. Lors de cette « March For Life », il a déclaré : « Nous voici à un tournant historique », puis a proclamé : « La vie est en train de gagner » (Nouvelobs.com). Lorsqu’il était gouverneur de l’Indiana, M. Pence a signé une loi en mars 2016 empêchant les femmes d'avoir recours à l'IVG en cas d’anomalie chromosomique telle que la trisomie 21. Il a également tenté d’obliger les familles et les hôpitaux à procéder à l’enterrement ou à l’incinération du fœtus avorté, mais la mesure a finalement été bloquée par un juge fédéral.

Mike Pence, s'adressant à la « March For Life » du 27 janvier 2017

L’avortement est mis en péril dans certains États. Il est autorisé dans l’ensemble du pays, mais les restrictions se multiplient dans les États contrôlés par les Républicains. Le mouvement pro-life « sait qu'il ne peut pas changer la décision de la Cour Suprême », explique James Kelly, professeur de sociologie. Les pro-life « ont adopté une approche par étapes, État par État » (TV5MONDE). Ainsi, 92 lois restrictives ont été recensées en 2011, et 43 en 2012. Au Mississippi, par exemple, qui compte trois millions d'habitants, il ne reste qu'un seul centre médical pratiquant l'avortement. Et en Louisiane, depuis l'an dernier, une loi oblige les femmes enceintes à écouter les battements de cœur du fœtus avant de se faire avorter.

Aujourd’hui, le mouvement pro-life prend une ampleur de plus en plus inquiétante. L’administration de Donald Trump promeut cette idéologie qui réapparaît en force. On ne peut qu'espérer que ce mouvement réactionnaire qui remet en cause le droit des femmes à disposer de leur corps, ne parviendra pas à convaincre le peuple américain.

Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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