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Coline Périer

La « Red Friday » ou comment lutter contre la précarité menstruelle


Bonjour à toutes et à tous. Aujourd’hui, nous allons aborder la précarité menstruelle, à travers une collecte de protections périodiques, plus connue sous le nom de « Red Friday » ainsi qu’un moyen pour lutter contre cette précarité.

 

La précarité menstruelle est la difficulté, voire l’impossibilité, pour des personnes réglées d’avoir accès aux protections périodiques à cause de leur pauvreté. Elle a pour origine le prix très élevé des protections hygiéniques qui sont taxées « produits de luxe » alors qu’elles devraient être taxées « produits de première nécessité ». Et oui, si tu veux être une femme propre, ça a un prix ! En résumé, si t’as suffisamment d’argent tant mieux, sinon tu te débrouilles et tu vis dans ta crasse.

Combien ça coûte les règles ?

Le prix des protections uniquement est estimé à environ 10 euros par femme et par mois. Si on ajoute à ça le prix des antidouleurs dont certains sont mal remboursés, comme le Spasfon à 15%, et le prix des sous-vêtements ou des draps (car les tâches ne peuvent pas toutes disparaître au lavage), cela fait 10 euros par mois en plus, ce qui revient donc à payer 240 euros en une année.

Sachant qu’une femme a ses premières règles entre 11 et 14 ans, et ce jusqu’à la ménopause qui survient entre 50 et 55 ans, une femme a donc en moyenne 500 fois ses règles au cours de sa vie. Elle dépensera alors au total 10 000 euros environ pour protéger ses vêtements. Vous l’aurez compris, être une femme ça coûte cher.

Quelles sont les personnes les plus précaires ?

Les femmes sans domicile fixe (SDF) font partie des plus vulnérables. En effet, les femmes représentent 40% des sans-abris en France. Pour ces femmes qui ne possèdent pas un sou et qui ont un accès difficile aux lieux d’hygiène, une fois par mois le dilemme est : manger ou rester propre ? C'est inacceptable ! Aujourd’hui on devrait avoir la possibilité de manger ET de rester propre, et que je sache les règles ne sont pas un choix de femme. C’est un fait, c’est la vie et on subit sans donner notre approbation.

Les étudiantes font également partie des personnes les plus précaires. D’après un article du Monde, les femmes sont davantage touchées par la pauvreté que les hommes, plus particulièrement entre 18 et 29 ans. En effet, le budget des règles correspond à 5% du budget qui sert à payer « le reste » : mobilier, vêtements, loisirs, assurance…

Même si certaines personnes ont les moyens, on ne va pas dire que ça nous fait plaisir de dépenser notre argent pour quelque chose qui devrait être gratuit, nous sommes toutes précaires quelque part !

Et la « Red Friday » dans tout ça, c’est quoi ?

La « Red Friday » a débuté symboliquement le jour du Black Friday et s’est terminée le lundi 1er décembre. C’est une collecte qui a été organisée par Camille Aumont Carnel, une féministe engagée qui brise les tabous sur les règles et la sexualité féminine connue sous le nom de @jemenbatsleclito sur Instagram, avec l’aide de l’association Règles Elémentaires. C’est une collecte qui a duré 60h où tout le monde (start up, paticuliers, grandes industries, population) pouvait déposer des dons dans les boîtes situées à l’hôtel parisien Hoxton. Ces dons sont bien évidemment des protections périodiques, que ça soit serviettes ou tampons, toutes protections étaient les bienvenues. A savoir qu’il n’existe pas de « petit don » car chaque protection reçue peut soulager quelqu’un.

Quel est le but de cette collecte ?

A l’issue de ces 60 heures de collecte, des kits menstruels seront confectionnés par les organisatrices grâce aux dons récoltés durant ces 4 jours. Ces kits seront remis directement à l’association Règles Elémentaires qui se chargera de les redistribuer aux personnes sans-abri. Beaucoup de personnes ont investi dans ce projet car 50 000 protections ont été déposées dans les boîtes prévues à cet effet. Ces 50 000 protections pourront aider et soulager bien des femmes qui n’ont malheureusement pas les moyens de s’en procurer. C’est un beau geste, compréhensif et solidaire, de quoi nous redonner un peu foi en l’humanité.

Eradiquer la précarité menstruelle, c’est possible ?

Eh bien oui, il existe même deux solutions ! Figurez-vous que le 24 août 2018, l’Ecosse est devenu le premier pays à lutter contre cette précarité en mettant gratuitement des tampons et serviettes hygiéniques à la disposition des étudiantes. S’est jointe à l’Ecosse l’université de Lille ! En janvier 2019, la Vice-présidente vie étudiante et de campus, Sandrine Rousseau, s’est inspirée de ce mouvement écossais pour organiser une distribution de kits menstruels aux étudiantes en début d’année. Une deuxième distribution est prévue ce mois de mars, ce genre d’investissement est tout à fait réalisable, les établissements scolaires sont capables de lutter contre cette précarité. Un pays et quelques villes de France l’ont fait, pourquoi pas nous ? Un peu de bonne foi, de volonté et de solidarité et le tour est joué.

La deuxième solution est toute simple : libérer la parole des femmes. Il faut parler, expliquer aux filles que leur corps change, dire aux hommes que le sang n’est ni sale ni impur, juste naturel. Car dans beaucoup de pays du monde, même en France, le sexe féminin, la sexualité féminine ainsi que les règles sont encore des sujets très tabous. Si on en parlait plus souvent et naturellement, on dramatiserait beaucoup moins quand on verrait le petit mot « règles » dans les articles ou livres scolaires.

Et c’est ainsi que s’achève cet article, en espérant qu’il vous aura plu et appris quelque chose (notamment que l’on vit dans un monde très masculinisé !). Je ne dénigre pas les hommes, mais veux montrer qu’être une femme dans cette société n’est pas facile, je vous dis donc à bientôt pour un prochain article !

Le média lycéen de Beaupré et d'ailleurs

Amalthée

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