Addiction, un phénomène toujours d'actualité !
On fait un nouveau point sur les addictions qui touchent les jeunes, causant des nuisances graves à la santé. Nous constatons malheureusement que des nouveaux types de consommation additive apparaissent et que d'autres s'accentuent, ces dernières années...
A l'occasion du Mois sans tabac (novembre), il nous paraissait important de voir quelles sont les addictions plus ou moins évidentes dont nous pouvons être victimes. Voici quelques chiffres qui illustrent l'importance du phénomène (ces données sont tirées d'une étude IPSOS - Juin 2018, sauf quand la source est précisée) :
- Consommation de drogues : pour le cannabis, 9% des jeunes déclarent en fumer au moins une fois par mois, 3% des 14-17 ans déclarent avoir déjà consommé de la cocaïne, de l'ecstasy, du MDMA et GHB...
Accro aux réseaux
Concernant une addiction qui touche plus de monde : les écrans, « 26% des 18-22 ans estiment passer plus de 5 heures par jour sur les réseaux sociaux ; 10% y consacrent plus de 8 heures chaque jour ! » De même pour les jeux vidéo, 7% y consacrent plus de 8 heures/jour également... On constate que le temps passé, sur les écrans en particulier, n'a fait qu'augmenter depuis le confinement. En effet, on constate que chez les 10-14 ans la consommation des écrans a doublé. Selon un sondage réalisé auprès de 5412 adolescents américains, certains déclarent passer plus de huit heures par jour depuis la pandémie, contre 3,8 heures par jour avant celle-ci (Santé sur le net : le temps doublé devant les écrans chez les 10-14 ans).
L'addiction aux écrans peut entraîner des problèmes de vues, de concentration, de sommeil (Enfants : les jeunes français sont accros aux écrans, francetvinfo.fr). Les conséquences sur la santé mentale sont graves ! Comme par exemple, l'anxiété, un sentiment de frustration permanent, de tristesse, qui est due à la perte de contrôle de la consommation... Cela peut entraîner une dépression. La surexposition des écrans peut conduire à faire des mauvaises rencontres sur les réseaux et même à se retrouver victime de cyberharcèlement.
Les jeunes et l’argent
Les jeux d'argent font aussi partie des addictions dont sont victimes les jeunes : « 13% des jeunes jouent au moins une fois par semaine ». Les principaux jeux sont : la loterie, les paris sportifs, tickets à gratter, des jeux de casino... Cette addiction aux jeux d'argent peut entrainer un endettement. Dans l'espoir de rembourser la somme perdue, ces derniers ont l'envie irrépressible de rejouer et cela crée une spirale négative, entrainant du surendettement. Dans les cas extrêmes, pour rembourser les dettes, certains se tournent vers des solutions illégales (vol, détournement de fonds...) (Passeport santé : addictions aux jeux d'argent, comment guérir ?).
Mme Rizzuti Rosalva et Mme Verveacke Marie, infirmières scolaires du lycée Beaupré, ont accepté de répondre à quelques questions, sur les types d'addictions qu'elles rencontrent et leurs évolutions ces dernières années.
Quels types d'addictions rencontrez-vous le plus souvent ?
« On rencontre parfois des élèves qui consomment du tabac et quelques fois du cannabis ‒ mais c'est plutôt rare. Mais on rencontre de plus en plus d'élèves qui utilisent beaucoup les écrans... Le risque avec les écrans, c'est l'isolement auprès de leur famille, de leurs amis. Ils/elles font moins d'activités physiques... Cela entraine également un risque de décrochage scolaire par manque de sommeil à cause d'un usage des écrans dans la nuit. »
« Ces dernières années, on constate régulièrement que certains jeunes consomment du protoxyde d'azote (présent sous forme de cartouches grises pour les siphons à chantilly ou les aérosols) pour rechercher un état d'euphorie (fous-rires, sensation de planer...). Le problème avec ces cartouches de gaz c'est que, contrairement au cannabis, les effets ne se voient pas sur le visage (yeux rouges...) mais ils sont très dangereux pour la santé. Ils entraînent des conséquences neurologiques à long terme, des vertiges, un dérèglement du rythme cardiaque, etc. Il n'y a pas vraiment de législation pour éviter les usages détournés du "proto". »
Constatez-vous une évolution des addictions depuis la période Covid ?
« Oui, on voit que c'est surtout l'usage des écrans qui a augmenté... Pendant le confinement, cet usage avait beaucoup augmenté, notamment parce que les jeunes avaient besoin de communiquer entre eux, mais après cela, la consommation d'écrans (jeux vidéo, réseaux sociaux) n'a pas diminué... »
Que conseillez-vous aux élèves que vous voyez, pour les accompagner lorsqu'ils sont victimes d'une addiction ?
« Notre objectif est qu'ils puissent aller voir un médecin, pour en parler et démarrer des soins, mais cela se fait uniquement avec leur consentement. Parfois on ne peut pas faire grand-chose quand ils ne veulent pas être aidés ou qu'ils sont dans le déni. Chaque cas est particulier. Notre rôle est de leur faire prendre conscience de leur addiction, donc on prend d'abord le temps d'écouter. On n’est pas dans le jugement, ni dans la sanction, notre rôle c'est d'apporter de l'aide. Il existe aussi des organismes comme le CJC (Consultations jeunes consommateurs) qui sont là pour écouter les interrogations des jeunes et leur entourage, pour les aider avant que la consommation de produit ne devienne problématique. C'est gratuit et anonyme et ils proposent eux aussi des tests de dépendance pour savoir si un suivi est nécessaire auprès d'un médecin. »
Voilà, les addictions sont fréquentes et variées. Nous pouvons facilement en être victime... Si tu veux en savoir plus sur la façon dont on devient addict et les moyens de se sortir d'une addiction, regarde (tout de suite) notre précédent article sur le sujet (Ces choses qui nous rendent accros) ! ;)
Illustration : Sofiane Reynaert
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