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Laure Campagne, Éloïse Beauchamp & Lise Nicollo

Du théâtre d'intervention à Beaupré


Depuis plusieurs années, une compagnie de Théâtre, La Belle Histoire, vient au lycée pour mettre en scène des sujets de société qui touchent les adolescents. Dans le cadre du pass Culture collectif, toutes les secondes du lycée ont pu assister à une pièce sur le mal-être chez les lycéens.

 

Il y avait trois comédiens : Estelle, Fanny et Fabrice, qui sont tous les trois très talentueux mais aussi très impressionnants. La pièce jouée est en grande partie de l’improvisation. Ils ont un fil conducteur, l’intrigue, mais toutes les répliques et les actions sont improvisées directement sur la scène, devant nous. D’ailleurs, la scène ne se compose que d’un carré noir qui sert de fond, quelques chaises et deux tables, sinon tout le reste est mimé par les comédiens. Le fond noir a deux utilités : il sert de décor mais aussi à se cacher pour changer de vêtements. Les vêtements, les accessoires et l’attitude ont une importance capitale, c’est ce qui crée l’identité du personnage et permet de reconnaitre quel rôle est joué directement. Les comédiens jouent donc plusieurs rôles dans la même pièce.


L'histoire met en scène plusieurs lycéens. L’une d’entre eux se fait battre par son père et a des addictions. L’autre est amoureuse d’un garçon indifférent qui ne fait pas attention à elle. Et le dernier ne réussit pas en cours et ne sait pas quoi faire plus tard, ses parents ne s'entendent plus.

Après la pièce, il y a un temps d’échange. Les élèves disent ce qu’ils ont pensé de la pièce et ils en discutent avec les comédiens. A la fin les infirmières et l’assistante sociale, qui travaillent aussi à la protection de l’enfance, ont pris la parole. Ces dernières ont expliqué leurs rôles et ont dit qu’elles accueillaient tout le monde pour n’importe quel motif, elles sont là pour apporter un soin physique ou moral. Elles ont apporté un œil plus scientifique au mal-être chez les adolescents.

Pour toi, nous avons interviewé les acteurs et nous leur avons posé plusieurs questions sur leur parcours, où ils en sont et comment la compagnie La Belle Histoire a été créée.


Quelles sont les études pour devenir comédienne ?

Estelle : « Il n’y a pas de voix tracée, il faut essayer de rentrer dans une école d’art dramatique ou de rentrer au conservatoire. Rentrer au conservatoire n’est pas facile parce que, souvent, il y a une sélection à l’entrée, parfois sous forme de concours, donc il faut présenter une scène de 3 minutes, tu passes devant un jury, ils t’arrêtent au bout de 30 secondes parce qu’au bout de 10 secondes ils savent s'ils vont te prendre ou pas, un peu comme The Voice quoi. »

Fanny : « C’est vendeur hein 😉. »

Fabien : « Ça donne envie d’y aller tout de suite 😉. »

Estelle : « En même temps, ça te prépare au métier parce qu’après, dans le métier, du dois passer des castings et quand tu passes un casting il faut attirer très vite l’attention, le regard, capter le jury, c’est une réalité du métier, tu vois. Bref, il y a de très bonnes écoles d’art dramatique en France et à Bruxelles. Il y a l’ESAD à Bruxelles, sinon il y a le conservatoire de Paris, l’ESAD à Lyon, le TNS de Strasbourg puis il y a d’autres écoles peut-être un peu moins connues mais qui sont tout aussi valables. Il y a l’école du Théâtre du Nord où il y a un concours d’entrée tous les 3 ans, ils prennent 15 élèves sur 1500 qui passent le concours, tu vois c’est une réalité du métier. »

Fanny : « Après, si tu ne fais pas d’école, il y a plein de chemins qui mènent à ce métier. Si c’est vraiment le métier que tu veux faire, il n’y a rien qui t’en empêche. »

Estelle : « Si c’est vraiment le métier de ta vie, être artiste, qui peut te dire "non tu ne seras pas artiste ?" Si tu as envie d’être artiste tu seras artiste ! »


Parlez-nous de votre compagnie...

Estelle : « La Belle Histoire est une compagnie qui a 25 ans, c’est une compagnie localisée à Villeneuve d’Ascq. Il y a plein de forme de théâtre à La Belle Histoire, comme des spectacles de divertissement, des spectacles tout public, et le type d’intervention que vous venez de voir. C’est un outil de théâtre qu’on a commencé à développer en 2005. On est environ 25 comédiens, quelques musiciens et techniciens. »



On a vu le spectacle de l’année dernière et celui de cette année, et on voulait savoir comment vous trouviez les inspirations car il est vrai que vous ciblez bien notre génération donc comment les idées vous viennent ?

Estelle : « D’abord, on vient dans l’établissement, à chaque fois on rencontre une dizaine d’élèves volontaires, en général c’est les délégués de classes, pour discuter avec nous et on fait un peu le travail que vous faites là, on fait un peu le travail du journaliste. On pose des questions, on écoute et on prend des notes. A partir de ce qu’on a entendu et des notes qu’on prend, on écrit une pièce. C’est pour ça que ça vous semble réaliste, on a ce souci de réalisme. On s’oblige à chaque fois même si c’est une thématique qu’on a déjà abordé cent fois, à continuer d’aller dans l’établissement pour rencontrer les jeunes, pour les entendre parler etc. Ce qui fait qu’on est un peu comme vos profs, comme on est au contact de la jeunesse tous les jours bah du coup ça maintient un peu, ça conserve un petit peu 😉. »


Mais du coup c’est vous qui écrivez vos pièces ?

Estelle : « Oui, comme tu l’as vu on n'écrit pas les répliques, c’est de l’impro. On écrit une trame donc on a un scénario : scène 1, scène 2, scène 3… et dans la scène 1 on sait qu’il y a Léo, son père et sa mère, ça se passe à tel moment de la journée, ce qu’on doit dire dans cette scène-là : il a la pression des notes, il est fatigué parce qu’il ne dort pas assez, on doit dire que son papa est au chômage etc. On sait ce qu’on doit dire dans chaque scène mais pas comment on va le dire. »


Vous êtes au contact de notre génération, vous voyez les problèmes, est-ce que vous en reconnaissez certains que vous avez eu à votre époque, quand vous étiez au lycée ?

Estelle : « Oui. Je pense que dans le fond tous les sujets existaient, après, c’est les formes qu’ils prennent qui sont différentes. Nous, à notre époque, l’importance du numérique et d’internet n’était pas la même car nous n’en avions pas ou alors on commençait seulement à avoir des téléphones et un ordinateur donc ça, forcément, ce sont des choses qui évoluent. Mais le fond, l’estime de soi, les questionnements sur l’avenir, ce sont des choses qui sont intergénérationnelles. Après, la manière dont ça va s’exprimer, les sujets qui sont plus importants, ou moins importants, ça change en fonction des époques. Nous, quand on avait votre âge ont parlait plus du tabac chez les jeunes par exemple, c’était un vrai fléau. On parlait aussi beaucoup de la sexualité parce qu’avec les années on a vu arriver le sida, les MST donc il y a eu beaucoup d’interventions sur les maladies sexuellement transmissibles, mettre le préservatif etc. En fait on voit les choses évoluer. Le harcèlement, ça fait à peu près une dizaine d’années qu’on en parle. Avant on ne nous demandait jamais de venir pour parler du harcèlement, puis depuis une dizaine d’années ça a commencé à émerger et de plus en plus, maintenant ça parait évident d’en parler. »

Fanny : « On suit l’évolution de la société aussi, tous les gros sujets qu’on peut voir à la télé on les retrouve au lycée. »


Ça fait quoi de faire des représentations devant des élèves ?

Estelle : « C’est génial, c’est chouette. »

Fanny : « Chaque représentation est différente, ça c’est chouette, c’est toujours une expérience unique à chaque fois. »

Estelle : « C’est ce qui est bien dans le théâtre d’intervention, on a l’impression d’être un tout petit peu utile, ce n’est pas comme un spectacle où on est là que pour le divertissement, raconter une histoire, là, on se dit : ah ! Peut-être que si ça peut aider ne serait-ce qu’une seule personne dans la salle, c’est bien. »

Pour finir, nous avons interviewé une élève de seconde, Juliette qui a assisté à la pièce pour lui demander son ressenti à elle, en tant qu'élève.


Qu’as-tu pensé de la pièce ?

Juliette : J’ai beaucoup aimé la pièce, c’était plutôt amusant de voir des adultes se prendre pour des adolescents de notre âge. Et assez réaliste étonnamment.


Est-ce que la pièce t’a aidée ou a aidé quelqu’un autour de toi ?

Juliette : Je pense que la pièce nous a tous un peu aidés parce qu’elle nous a obligés à prendre du recul en nous montrant des situations dans lesquelles on peut facilement se reconnaître. Et aussi nous affirmer que, non, cela n’arrive pas qu’à nous et que l'on est pas seuls.


Qu’est-ce qui t’a plu dans la pièce ?

Juliette : Ce qui m’a particulièrement plu dans la pièce c’est le fait que les comédiens reprennent des expressions des adolescents d’aujourd’hui comme “wesh” ou qu’ils aient des postures, des attitudes que nous avons nous. Cela donnait un côté comique à la pièce, selon moi.


Qu’est-ce que la pièce t’a apporté ?

Juliette : Elle m’a permis de relativiser mes problèmes au quotidien. Et d’avoir un regard nouveau sur ces expressions qu’on dit tous les jours et nos attitudes. Peut-être aussi sur les profs… dont on voit le point de vue à quelques moments dans la pièce.

Cette pièce et l’intervention qui allait avec ont donc été un francs succès.


Et n’oublie pas les numéros et les adresses dont tu disposes si tu es dans une situation de ce style :

- STOP Harcèlement, violence et bizutage : N° académique 0800 59 11 11

- STOP Harcèlement national N° vert 3020

- N° vert agression-viol 0800 05 95 95

- SOS enfance maltraitée N°119

- Signalements contenus ou comptes illégaux N° vert 3018

- SOS Racisme N°01 40 35 36 55 / www.sos-racisme.org

- Ligue des Droits de l’Homme N°03 20 63 91 47

- N° vert national 3928

- SOS Homophobie N°08 10 10 81 35 / www.sos-homophobie.org

- Ligue Azur = homo, bi hétéro ? 08 10 20 30 40

- Stop violences faites aux femmes 3919

- Mariage forcé N°06 75 23 08 19 / www.mariageforce.fr

- Association Lilloise “Solidarité Aux Femmes d’Ici et d’Ailleurs SAFIA : mariage forcé, pressions familiales... N°03 20 34 06 10

- EN CAS D’URGENCE 17 (police) 18 (pompiers) 15 (SAMU) 112 (appel urgent européen) 114 (appel urgent sourds et malentendants)

- UNADFI (Union Nationale des Associations Des Familles et de l’Individu victimes de sectes) N° 01 34 00 14 58 / www.adfi59.net

- Stop djihadisme 08 00 00 56 96

- Maison des ados (MDA : santé, insertion professionnelle et sociale, accès aux droits, éducation...) N°03 20 06 26 26 / contact@maisondesados-59.fr / 1, rue Saint-Genois à Lille

- Fil santé jeunes (Ecoute, information, orientation, mal-être, contraceptions, addictions...) 0800 235 236 / www.filsantéjeunes.com

- Espace Jeunes Haubourdin (aides, orientations, projets) 47 rue Rouget de Lisle Haubourdin

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