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La Chine engagée dans la transition écologique
Mathis Yabressi
Après des décennies d’industrialisation massive ainsi qu'une pollution très importante, la Chine s’impose désormais comme un leader des énergies vertes. Cet article explore les défis environnementaux du pays à travers le projet de nettoyage du fleuve Yangtsé.
Depuis les années 1980, la Chine a adopté un modèle de croissance économique basé sur une productivité rapide et forte. Ce développement a permis une industrialisation spectaculaire, mais au prix d’une dégradation environnementale majeure. L’environnement s'est fortement détérioré, l'air, les rivières et les terres sont pollués, créant une crise écologique sans précédent dans les grandes villes.
En plus de la dépendance au charbon, la Chine est devenue le plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre. Pourtant, face à ces défis, la prise de conscience générale de la population, associée à des politiques gouvernementales, a permis à la Chine de développer des moyens écologiques importants.
Le fleuve Yangtsé menacé par la pollution
Le fleuve Yangtsé, surnommé le « fleuve bleu », est le plus grand fleuve d'Asie. Il est situé au cœur du pays et borde la ville de Wanzhou, qui compte 10 millions d’habitants. Au bord de ce fleuve de 6380 kilomètres, le projet du barrage des Trois Gorges a vu le jour. Destiné à devenir la plus grande centrale hydroélectrique au monde, ce barrage visait à réduire la dépendance au charbon et à améliorer le transport maritime.
Cependant, ce projet a eu des conséquences inattendues. Pour retenir l’eau, des villages entiers ont été inondés, entraînant la destruction de nombreuses zones habitées et pire encore, des décharges entières ont été englouties, polluants fortement le fleuve.
Les déchets s’accumulaient également à cause des villes voisines, où les habitants jetaient leurs ordures directement dans l’eau. Ces problèmes ont transformé le Yangtsé en l’un des fleuves les plus pollués au monde.
Liu, un citoyen dévoué à la sauvegarde du fleuve
Dans ce contexte alarmant, un citoyen nommé M. Liu, pêcheur du fleuve Yangtsé, se distingue par son engagement. À cause de l’accumulation massive des déchets, les bateaux ne pouvaient plus naviguer, et la population de poissons, source de revenus pour Liu, avait drastiquement diminué. Déjà, son père, également pêcheur, avait constaté que les déchets devenaient un réel problème. C'est pourquoi avant de mourir, profondément attaché au fleuve, il avait fait promettre à son fils de le sauver.
M. Liu a commencé par nettoyer le fleuve seul, avec ses propres moyens. Mais face à l’ampleur des déchets, il a décidé petit à petit de créer une petite entreprise, qu’il finança avec ses économies personnelles. Progressivement, il embaucha des travailleurs et acheta des bateaux dédiés au nettoyage.
Cependant, ces efforts se heurtèrent rapidement à de nombreux obstacles. Le manque de main-d'œuvre, car les conditions de travail étaient difficiles et précaires : chaleur étouffante, répétitivité des tâches, dangerosité du nettoyage à la main… Peu de personnes étaient prêtes à s’engager dans un tel travail. Liu dut alors s’installer avec sa femme sur un bateau pour vivre en permanence sur le fleuve, tandis que leur fils restait en ville pour poursuivre ses études à l’université.
Malgré ces sacrifices, Liu manquait de fonds pour acheter de l’essence pour ses bateaux ou pour payer ses employés. Il sollicita alors l’aide du gouvernement local, qui, concerné par le problème, l'aida mais ses ressources restaient limitées. La situation empira encore avec l’arrivée de la saison des pluies, qui accentuait la pollution à cause des crues. Pour continuer son combat, Liu fut contraint d’emprunter de l’argent et de faire face à des dettes croissantes.
Finalement, grâce à son dévouement acharné, Liu obtint une subvention spéciale du gouvernement central. Cette aide permit de professionnaliser les opérations de nettoyage du fleuve et d’instaurer une politique locale de nettoyage des déchets. Aujourd’hui, grâce à Liu, le Yangtsé est en voie de dépollution. Liu a pu ainsi reprendre son activité de pêcheur.
La Chine devient verte
L’histoire de M. Liu s’inscrit dans un mouvement plus large, avec des citoyens qui s'engage pour l'environnement.
Conscient de ceci, le gouvernement chinois a entrepris des travaux écologiques d’une grande ampleur. Entre 2006 et 2016, l’équivalent d’un terrain de football de panneaux solaires était construit toutes les heures. Ces installations ont fait de la Chine le plus grand producteur mondial d’énergie solaire ainsi que le plus gros fabricant de panneaux solaires.
Pékin, autrefois considérée comme la ville la plus polluée à cause de son air, a délocalisé ses grandes usines. De plus, la Chine est également devenue le leader mondial de la production et de l’utilisation de voitures électriques, représentant 67% du marché mondial.
Enfin, un projet ambitieux baptisé « la Grande Muraille Verte » vise à planter des milliards d’arbres d’ici 2050.
De l’espoir pour l’avenir de la Chine
L’histoire de la Chine montre que des solutions peuvent être trouvées grâce à la combinaison d’actions citoyennes et de politiques gouvernementales. Si des défis persistent, l’exemple de M. Liu prouve qu’un engagement individuel peut initier des changements profonds. La Chine, autrefois synonyme de pollution, aspire aujourd’hui à devenir un modèle de transition écologique.
