RJMI 2024 : qu’est-ce que c’est ?
(Source : fille-et-maths.fr)
Salut, aujourd’hui je vais vous parler du RJMI, ou Rendez-vous des Jeunes Mathématiciennes et Informaticiennes. Cet évènement est destiné aux filles de première et de terminale qui se destinent à des études supérieures scientifiques. À la clé : rencontre avec des doctorant(e)s et des chercheurs/euses, et lutte contre des stéréotypes qui ont encore de nos jours la vie dure. Mon objectif en y candidatant : découvrir des personnes inspirantes ainsi que l’univers méconnu de la recherche, mais aussi des métiers liés au monde des mathématiques. Petit récapitulatif de ces deux jours marquants à l’Inria (Institut National de Recherches en Sciences et Technologies du Numérique) de Villeneuve-d’Ascq.
Jour 1
La journée commence en douceur, par une présentation de l’organisation des deux jours et des intervenants, puis par un petit tour de table pour apprendre à se connaître : en effet, les nombreuses lycéennes qui ont répondu présentes viennent des quatre coins de la région, et, comme l’on va passer du temps ensemble, c’est plus simple si l’on est à l’aise dès le début. Puis vient l’heure du choix : après que les intervenants aient présenté les différents ateliers de recherche, c’est à nous de décider celui que l’on voudrait faire. Pour des raisons pratiques, les encadrants essayent tout de même de nous répartir équitablement pour travailler plus efficacement. Durant ce choix, nous sommes en pause, et une petite collation nous attend en-dehors de la salle.
C’est maintenant l’heure d’une conférence ; celle de la professeure de mathématiques à l’Institut Paul Painlevé : Mylène Maida. Aujourd’hui, elle a choisi de nous parler d’un thème souvent apprécié des élèves : les probabilités, ou – pour être plus précis – « De la répulsion en théorie des probabilités ». On commence par parler des notions d’indépendance et de loi gaussienne, en prenant l’exemple de la planche de Galton :
En effet, grâce à cette expérience, on obtient une courbe en cloche caractéristique de la loi gaussienne. On vous explique : à l’intérieur de cette planche il y a des petits « picots », ainsi que des centaines de petites billes qui tombent à l’aide de la gravité. A priori, en tombant, chaque petite bille qui rebondit sur un « picot » a autant de chance de continuer sa route à gauche ou à droite ; c’est du 50/50. C’est ce qui fait qu’il y a moins de chance qu’une bille vienne se placer tout à droite ou tout à gauche de la planche, mais ira plus souvent se placer vers les colonnes du milieu.
Schéma représentant la planche de Galton (Source : Chimp Investor)
Ensuite, nous avons étudié quelques expériences aléatoires. Mylène Maida nous a proposé de tracer un cercle, puis de le remplir de points placés aléatoirement. Nous avons pu remarquer que nous ne laissions pas de grande zone vide, et que nous ne superposions pas plusieurs points comme peut le faire un ordinateur.
Modélisation GeoGebra de l’expérience réalisée par l’humain (Source : Sophie Ratajszczak)
Modélisation GeoGebra de l’expérience réalisée par un ordinateur (Source : Sophie Ratajszczak)
Nous avons également réalisé deux autres expériences, elles aussi très intéressantes, celle du processus des retenues et celle du pavage par domino du diamant aztèque. Enfin, nous avons brièvement parlé des permutations aléatoires.
Tableau représentant l’une des multiples permutations aléatoires possible ou tableau d’Young (Source : Wikipédia)
Après la pause méridienne, nous nous sommes réparties par groupe dans les différents ateliers. À la carte, il y avait :
• Résoudre un sudoku par un algorithme ;
• Trouver le chemin le plus court entre deux points grâce à un algorithme ;
• Une chasse au trésor sur ordinateur ;
• Trouver combien de rebonds fait un laser dans un triangle équilatéral en deux dimensions en ressortant par un des sommets ;
• Étude d’un robot manipulateur à deux segments rigides.
Jour 2
Au programme ce matin : atelier BD. La veille, certains chapitres d’une BD publiée par le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) avaient été distribués. Cet album est constitué de multiples portraits de femmes inspirantes qui ont choisi un métier du numérique. Parfait pour lutter contre les discriminations, les stéréotypes et les idées reçues, puisqu’on y rencontre des femmes à la fois épanouies dans leur vie professionnelle et dans leur vie familiale. Nous en avons discuté avec des doctorantes, nous sommes revenues sur leur parcours mais aussi parfois sur les discriminations qu’elles ont subies.
Hacker caricatural (Source : Adobe Stock)
Puis, une chercheuse en cybersécurité au CNRS, Clémentine Maurice, qui travaille pour le centre CRIStAL de Lille, est venue nous parler de son parcours et de son métier de chercheuse. La cybersécurité, c’est éviter et détecter des actes malveillants, qui peuvent avoir des effets sur l’immatériel, mais aussi sur le matériel. On a tous en tête les vols de données subis par les hôpitaux ces dernières années. C’est une profession qui utilise plusieurs domaines du numérique : l’algorithmique, la cryptologie, les méthodes formelles, l’architecture des systèmes informatiques, les réseaux, les sciences du logiciel et bien entendu l’intelligence artificielle. Lorsqu’une vulnérabilité ou une attaque est repérée, elle doit déployer des contre-mesures. Cette chercheuse travaille tout particulièrement sur la cybersécurité à l’interface entre le logiciel et le matériel. Il y a deux types de cyberattaques : des cyberattaques passives, dites « par faute », et des cyberattaques actives dites « par canal auxiliaire ». Clémentine Maurice a tout particulièrement insisté sur certains aspects importants de la recherche, comme la collaboration et la communication.
Nous avons eu la chance de participer à des speed meetings avec nos encadrantes qui sont revenues sur leur parcours et les potentielles difficultés rencontrées.
Pour finir, nous avons restitué à l’oral les ateliers de recherche que nous avions faits. Je vais vous expliquer celui auquel j’ai participé, la chasse au trésor numérique.
D’abord, la doctorante en cryptologie et stéganographie qui nous encadrait nous a fourni un ordinateur portable, mais nous n’avions pas le mot de passe de celui-ci. Grâce à un texte accroché au dos de cet ordinateur, nous avons pu trouver ce mot de passe. Des points plus ou moins gros étaient présents en-dessous de certaines lettres, les points les plus gros correspondant aux majuscules. Nous avons donc eu accès à des fichiers assez étranges, remplis d’un langage que nous n’arrivions pas à traduire grâce aux ressources indiquées. Il s’agissait en réalité du Lorem Ipsum, un faux-texte qui n’a aucune signification et qui est souvent utilisé en journalisme pour faire la mise en page en attendant le vrai texte.
Le mot de passe était en fait caché dans les grands espaces qui séparaient les différentes parties du Lorem Ipsum – c’est ce qu’on appelle le whitespace. Grâce au mot-code trouvé, nous avons pu ouvrir un dossier à accès restreint, mais, surprise, il y avait plus de 200 fichiers, qui plus est en format d’archivage compressé .7z ! Nous ne savions pas lequel choisir ! C’est à ce moment que l’on a remarqué une photo tout à la fin de ce dossier. Nous avons tout de suite remarqué la présence de beaucoup d’oiseaux sur ce qui était la photo du bureau de notre encadrante, mais également d’un QR-code. Après les avoir comptés à de multiples reprises (il y en avait 29 !), et avoir flashé le QR-code, nous avons déduit que nous devions ouvrir le fichier « 29.7z ». Mais afin de pouvoir l’ouvrir, nous devions encore trouver un mot-code. Nous avons compris que le mot « OISEAUX » était sûrement crucial dans notre quête, et, en testant différents langages de programmation, nous avons obtenu un résultat concluant avec le Barn code : le mot-code pour ouvrir le fichier était « cafétéria ». Le fichier que nous avons ouvert était lui aussi codé, mais cette fois-ci dans le langage César, en le décodant nous avons obtenu « froid ».
Grâce à ces trois indices – cafétéria, froid et 29 – nous avons pu trouver le trésor qui se trouvait dans l’un des frigos de l’Inria : notre encadrante nous avait offert un petit goûter !
Conclusion
À la fin de ces deux journées mémorables, des goodies relatifs au monde des maths et du numérique ont été distribués. En somme, les élèves qui ont participé à cet événement, ont pu être mises en garde contre l’autocensure dont font preuve beaucoup de filles vis-à-vis d’une carrière scientifique, notamment en raison de normes sociales infondées et stupides qui banalisent des stéréotypes comme le fait que les sciences seraient soi-disant un domaine de garçons. On ne le dira jamais assez, ni assez fort : NON, les sciences ne sont pas réservées aux garçons, NON, les filles ne sont pas obligées de partir dans le domaine du littéraire. Chacun fait ce qu’il veut en fonction de ses goûts et de ses talents.
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