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Valentine Sénéchal

Robert Badinter, une vie de combats

Robert Badinter, né le 30 mars 1928, était un homme politique, un juriste et un essayiste français mais surtout un militant pour les droits de l’Homme. Il est mort, à Paris, dans la nuit du 8 au 9 février 2024 à l’âge de 95 ans après une longue vie menée pour les droits de l’Homme et de nombreux combats comme celui contre la peine de mort ou encore celui pour la dépénalisation de l’homosexualité. Faisons le point en trois dates.

 

Le 20 janvier 1977

Le 20 janvier 1977, lors du troisième jour du procès de Patrick Henry accusé d’infanticide, Robert Badinter, un des deux avocats de l’accusé avec Gérard Bocquillon, s’est occupé de faire la plaidoirie contre la peine de mort à la place de défendre le présumé coupable. Le plus incroyable, c’est que tout cela ait été prévu et défini à l’avance par les deux avocats ! L’un défend l’accusé tandis que l’autre accuse et critique la peine de mort. Pour Robert Badinter, ce fut une revanche après son échec à sauver Roger Bontems qu’il avait défendu vainement contre la peine capitale et qui fut exécuté en 1972. Finalement, Robert Badinter « gagne » et Patrick Henry est condamné à perpétuité.

Robert Badinter lors du procès de Patrick Henry en 1977. Photo d'archives Sipa/Daniel Houpline


9 octobre 1981

Le 9 octobre 1981, la loi pour l’abolition de la peine de mort est formellement appliquée après avoir été adoptée à la majorité (363 voix sur 480) le 18 septembre 1981 par l’Assemblée nationale et le Sénat qui l’a suivie quelques jours plus tard. Cette loi a été adoptée et mise en application sous la présidence de François Mitterrand (1981-1995) avec un ministre de la Justice du nom de Robert Badinter. Ce dernier a proclamé son célèbre discours contre la peine capitale le 17 septembre 1981 devant environ 480 députés au Palais Bourbon. Dans ce discours, il dénonce le fait que la peine capitale ne permet pas de comprendre, ni de dissuader, ni de faire réfléchir les coupables sur les faits qu’ils ont commis. Il dit aussi que cela ne correspondait pas aux valeurs des droits de l’Homme. Grâce à ce discours, la peine capitale n’est plus d’actualité en France.

Le 17 septembre 1981, devant l'Assemblée nationale, Robert Badinter alors ministre de la Justice prononce un discours historique pour présenter son projet de loi d'abolition de la peine de mort : « Cette justice d'élimination cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité. »


4 août 1982

Le 4 août 1982 est promulguée la loi pour la dépénalisation de l’homosexualité. Cette loi fut un autre combat majeur pour Robert Badinter après l’abolition de la peine de mort. Le 20 décembre 1981, seulement 2 mois après l’abolition de la peine capitale, Robert Badinter, Garde des Sceaux à ce moment-là, a déclaré à la tribune de l’Assemblée Nationale : « Il n’est que temps […] de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels ». La loi a finalement été adoptée le 27 juillet 1982 par l’Assemblée nationale avec 327 voix pour et 155 contre malgré l’opposition de la droite.

Robert Badinter à L'Assemblée nationale lors des débats sur la dépénalisation de l'homosexualité, juillet 1982


Sources :




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