Inaction climatique : Six portugais portent plainte contre 32 Etats
Le 27 septembre dernier, six jeunes portugais âgés de 11 à 24 ans sont allés porter plainte à la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour inaction climatique contre 32 Etats. Les 32 Etats comprennent tous ceux de l’Union Européenne ainsi que la Turquie, la Suisse, la Norvège, le Royaume-Uni et la Russie. C’est la première fois qu’autant d’Etats sont assignés devant un tribunal ou une cour de justice.
Ces 6 portugais portent plainte pour inaction climatique en s’appuyant sur les articles 2, 3, 8 et 14 de la Convention européenne des Droits de l’Homme qui stipulent le droit à la vie (article 2), le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 3), le respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance et le droit à la vie familiale (article 8) et le droit de vivre libre de toute discrimination fondée sur l’âge (article 14).
Ils s’appuient aussi sur l’Accord de Paris de 2015 qui est un traité international juridique dont l’objectif est de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ce traité a été adopté par 196 parties lors de la COP 21 le 12 décembre 2015 et a commencé à être mis en application le 4 novembre 2016.
Les feux de forêts en 2017 qui ont ravagé 180 000 hectares et fait 117 morts au Portugal, dans la région de Leiria, les ont choqués. De plus, les incendies de l’été 2023 les ont convaincus davantage de déposer une plainte. Ils s’inquiètent de leur santé et leurs conditions de vie notamment par rapport à l’augmentation des fortes chaleurs. Cette chaleur nuit à leur concentration, à leur sommeil, et ils ne peuvent plus passer beaucoup de temps dehors pour faire de l’exercice ou juste pour prendre l’air car l’air est irrespirable. Certains souffrent désormais d’asthme, pour d’autres, il s’est aggravé car la qualité de l’air est devenue médiocre. Ils accusent donc ces 32 états de ne rien faire pour protéger le monde et ses habitants du réchauffement climatique dont nous sommes en partie responsables.
Préparation du procès
Ils ont mis trois ans à préparer et rédiger leur plainte pour qu’elle soit acceptée par la cour de la Convention européenne des Droits de l’Homme. L’organisation Amnesty International fait partie de celles qui ont présenté une contribution écrite à la cour, en démontrant que les gouvernements sont tenus de protéger les droits humains au niveau mondial à la faveur de leurs politiques climatiques.
« Les jeunes ouvrent la voie et montrent qu’il existe des moyens légaux par lesquels il est possible de faire avancer la justice climatique. »
Mandi Mudarikwa, responsable des actions en justice stratégiques à Amnesty International
Conséquences
Le procès a débuté le 27 septembre et au bout de quelques mois, il sera fini. S’ils gagnent le procès, les 32 Etats seront certainement légalement tenus de réduire leurs gaz à effet de serre. Cette restriction serait encore plus contraignante que l’Accord de Paris expliqué un peu plus haut dans l’article.
Ce procès pourrait avoir de l’influence sur les 2 500 autres procès en cours (dont 1 600 aux États-Unis) pour la même raison. S’est achevé mardi dans l’Etat de Montana aux États-Unis un autre procès où une quinzaine d’adolescents avaient porté plainte pour des raisons identiques : le travail impossible dehors en pleine journée, les entraînements sportifs diminués voire annulés et pour le parc national des Glaciers et une partie de celui du Yellowstone, la chaleur insupportable pour les animaux et les fontes des glaciers tout ça à cause du réchauffement climatique.
Conclusion
En espérant que les 32 Etats soient sanctionnés pour leur inaction face au climat et qu’ils prennent enfin des mesures efficaces pour réduire le réchauffement climatique, continuons, nous les jeunes, de nous mobiliser pour sauver notre planète, celle où nous vivrons demain, et arrêtons de surconsommer ou de prendre la voiture pour les petits trajets.
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